Dîner en blanc au Cap haïtien: et si le tourisme au grand nord pouvait en profiter pleinement

Joam Baptisnè

C’est désormais une tradition internationale ce fameux dîner en blanc. Comme le nom l’indique l’une des exigences pour y prendre part était de se vêtir en blanc. Plusieurs centaines d’Haïtiens vivant tant dans le pays qu’à l’étranger ainsi que plusieurs dizaines d’étrangers ont participé à ce dîner qui une fois de plus, a prouvé la bonne santé de la ville du Cap par rapport au reste du pays.Ces compatriotes en profitent grandement pour faire du tourisme local.

En dépit de la situation cahotique que connait le pays, la ville du Cap a pu montrer le pays sous un autre angle. Coïncidant avec la veille de la Cérémonie du Bois-Caïman, c’était l’occasion idéale pour ressasser les gloires d’antan, visiter la cité du roi Christophe, remémorer son histoire, profiter de ses côtes et de ses multiples monuments historiques,bref pour y faire du tourisme local comme on l’a dit plus haut.

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Cet événement international , «Dîner en blanc», est organisé au Cap-Haïtien à l’occasion de la fête patronale de la commune. Un rendez-vous international annuel réunissant amis et familles entre grande élégance et convivialité. Ce que l’on sait aussi, c’est que les règles n’ont pas bougé d’un poil : il a fallu s’inscrire à l’avance, mettre le jour-J sa tenue blanche chic, apporter son panier, sa table et ses chaises, le tout en blanc et être présent bon ou mauvais temps.
Le dîner en blanc est, faut-il également souligner, une opportunité d’affaires, plus d’une cinquantaine d’entreprises locales, restaurant, hôtels, entre autres ont bénéficié directement de l’événement. Les principaux sites, plages et autres lieux d’excursion du département du Nord ont été également visités.En clair,cette activité a vraiment fait l’affaire des operateurs touristiques du grand nord.Maintenant, il revient aux acteurs pré-cités de prendre toutes les dispositions pour que ladite activité puisse être organisée sous des bases plus solides.

Le Dîner en blanc est pour certains participants, un rendez-vous pour célébrer la beauté et l’élégance, l’amitié et le réseautage ; c’est aussi un événement ouvert à ceux qui veulent faire partie d’une expérience touristique inédite en Haïti.

Initié en France en 1988, le Dîner en blanc a été organisé pour la première fois en Haïti en 2013. En 2018, à l’occasion de ses 30 ans à l’échelle internationale, l’événement n’a pu se tenir en Haïti à cause des troubles sociopolitiques. Mais le pique-nique en blanc n’avait pas tardé à revenir l’année d’après, soit en 2019.

Port-au-Prince était la première ville en Haïti à accueillir l’événement. Face à la dégradation accrue du climat sécuritaire, la tenue du dîner en blanc dans la capitale haïtienne ne semble pas être possible dans un avenir proche

« Tourisme et développement durable en Haiti » de Claude Junior EMILE,un livre à lire absolument

Par Pierre Michelot Jean-Claude

Engager Haïti dans la voie du progrès et du développement durable reste le défi majeur pour les différentes élites haïtiennes. Les voix ne cessent de s’élever pour rappeler à celles-ci la nécessité de valoriser et d’exploiter rationnellement les multiples ressources du pays dont le gaspillage, depuis plus de deux siècles, constitue l’une des principales causes du criant état de sous-développement sous lequel ce peuple est recroquevillé.

Dans le contexte actuel où la population haïtienne se trouve non loin d’un désastre à la fois politique, social, économique voire écologique, il est de plus en plus nécessaire d’inviter nos acteurs socioéconomiques et politiques à orienter leurs actions vers le développement de notre capacité à nous prendre en charge, grâce à la valorisation de notre patrimoine.

C’est dans ce cadre-là que s’inscrit la publication de cet ouvrage de Claude Junior Emile, intitulé : Tourisme et développement durable. Vers la diversification de l’offre touristique sur la Côte des Arcadins. Haïti est, à tort ou à raison, classé comme l’unique pays moins avancé (PMA) de la Caraïbe. Nul n’ignore pour autant que ce pays est gorgé de sites touristiques, de plages, de vestiges historiques et d’une diversité de ressources naturelles pouvant faire de lui une excellente destination touristique. Claude Junior Emile le montre très bien par son coup de projecteur sur la Côte des Arcadins, situé  entre le  département de l’Ouest et celui de l’Artibonite, les deux plus grands départements géographiques du Pays.

Décrétée pôle touristique prioritaire dans le Plan Directeur Touristique de 2007, « la Côte des Arcadins détient un potentiel touristique incomparable qui malheureusement est sous exploitée», montre Claude Junior Emile à l’issue de ses deux ans de travail constitué des recherches empiriques, d’entrevues, de focus groupe sur cette région qui constitue l’un des meilleurs espaces côtiers du pays. La côte détient les meilleurs plages haïtiennes et près de cinq cent chambres d’hôtels. Elle met en connexion les deux plus grands départements géographiques du pays (Ouest et Artibonite) qui, à eux seuls, logent plus de 60 % de la population haïtienne. Ajouté à tout cela une quantité énorme de sites naturels et historiques, dont des Forts, des Grottes, des Aqueducs et d’autres vestiges coloniaux d’une valeur patrimoniale inestimable. Ce qui justifie le choix par l’auteur de la Côte des Arcadins comme cas spécifique d’étude.

Politologue, Claude Junior Emile a fait son entrée dans le champ du tourisme en tant qu’étudiant au département de Patrimoine et Tourisme à l’ISERSS (IERAH) de l’Université d’État d’Haïti (UEH). Il n’a pas tardé à approfondir ses connaissances du domaine au programme de Maitrise en Histoire, Mémoire et Patrimoine de l’UEH offert en partenariat avec l’Université Laval du Canada. Ce rapport de recherche qu’il nous présente aujourd’hui, traduit un fort souci de proposer des réflexions aux opérateurs et autorités touristiques du pays.  Cet ouvrage nous offre l’occasion de découvrir avec précision, l’état de l’offre touristique disponible sur la Côte des Arcadins. Laquelle offre va du tourisme balnéaire au tourisme estival en passant par le tourisme d’affaires ainsi que le tourisme de mémoire.

«C’est le grand espoir du tourisme qui fera lever des aubes nouvelles sur Haïti», a affirmé le président Dumarsais Estimé en 1948, date à partir de laquelle le tourisme haïtien a connu ses moments de gloire grâce à un ensemble de dispositions arrêtées par le gouvernement d’alors. «Les grands travaux entrepris sur le front de la mer par le visionnaire Estimé, qui avait compris que le tourisme, à ce moment-là, était le grand espoir d’Haïti, avait fait de cette dernière l’une des destinations touristiques les plus demandées de toute la Caraïbe», explique Claude Junior Emile, dans ce texte riche en informations sur l’histoire du tourisme, les notions fondamentales de l’économie du tourisme et l’état de l’offre de l’offre touristique mondiale, avec bien sûr un accent particulier sur l’historique et la situation actuelle du tourisme haïtien.

Est-il nécessaire de rappeler que l’instauration du régime dictatorial des Duvalier a marqué le début du déclin de l’industrie touristique en Haïti ? D’ailleurs, en conséquence, « de 1990 à 2004, Haïti n’était même pas figurée parmi les dix premières destinations touristiques de la Caraïbe », fait remarquer le chercheur. « Au cours de ladite période, la performance haïtienne, en termes de revenus générés, n’a jamais atteint la barre de 60 millions de dollars américains annuellement. Alors que ce chiffre, pour d’autres destinations caribéennes, représentent leurs rentrées mensuelles. De manière plus précise , vous devez comprendre que les revenus d’Haïti, au cours de ladite période, représentent seulement 0,3 % pour toute la zone caribéenne. »

Et ce n’est que récemment, soit en 2011, que le Ministère du Tourisme et des Industries créatives ait tenté d’œuvrer à la redynamisation de ce secteur, dont l’état de délabrement constitue un extraordinaire manque à gagner pour le trésor public haïtien. Cette volonté dudit ministère de donner un nouveau souffle au tourisme haïtien a été, sans doute, l’une des sources de motivation de Claude Junior Emile à publier les résultats de ses recherches.

Ce nouveau regain de santé  du secteur touristique haïtien rappelle celui de la décennie 40-50 avec le président Léon Dumarsais Estimé qui avait abouti à une exposition universelle à Port-au-Prince. Il importe donc d’applaudir ce travail du chercheur qui encourage les autorités touristiques à aller plus loin. Aller plus loin  signifie qu’il faut qu’elles empruntent le chemin de la diversification de l’offre touristique.

À la lumière du principe de responsabilité défendu par le philosophe Hans Jonas (1979), il convient encore de mettre l’accent sur le droit d’existence dû    à chaque citoyen de la planète, dont les Haïtiens. Les autorités haïtiennes ainsi que nos différentes élites ont pour obligation d’humaniser la terre haïtienne en la transformant en un espace vivable à la fois pour les présentes et futures générations. Dans Tourisme et Développement durable, Claude Junior Emile n’en dit pas le contraire. Il va d’ailleurs plus loin en affirmant que le développement du secteur touristique est indispensable pour ce processus de développement durable.

Se basant sur une panoplie de données statistiques fournies par différents organismes [internationaux] s’occupant du tourisme dans le monde, tels : OMT, Caribbean Tourism Organisation, l’auteur montre clairement que, le tourisme demeure l’une des véritables sources de la croissance économique et du développement durable. Selon lui, le tourisme se trouve au carrefour où s’entrecroisent presque tous les secteurs économiques, dont les transports (terrestres, aériens, maritimes), l’agriculture, l’artisanat, l’hôtellerie…

Aussi, ne fait-il aucun doute que pour de nombreux dirigeants de la planète, le secteur touristique demeure le poumon économique de leur pays. Le dernier chapitre du livre offre aux autorités des perspectives assez intéressantes. Celles-ci sont autorisées à mettre en application les dites conclusions qui, à coup sûr, pourra  conduire au développement du secteur.